Résistances

Résistances

La sécurité de l'emploi

Bonne année à tous et meilleurs vœux pour 2009 ! Que cette année vous apporte santé, bonheur et richesse. Ah, richesse…

En ces temps de crise et d’incertitudes liées à la montée du chômage dans ce beau pays qui est le nôtre, il existe un être à part qui est regardé avec envie voir jalousie : le prof ! Et oui, pourquoi se soucierait-il de perdre son emploi ou de la baisse de son pouvoir d’achat, lui, ce nanti avec ses 3 mois de congés payés et son salaire garanti à vie?

Mais savez-vous qu’au sein de l’Education Nationale tous les enseignants ne sont pas libres et égaux ? L’Etat, et notre cher ministre Xavier DARCOS, se gardent bien de parler de tous ceux qui, bien que profs (donc nantis) galèrent tous les jours pour vivre et parfois simplement survivre. La précarisation de l’emploi touche bien tout le monde même dans les secteurs les plus inattendus.

Récapitulons : un prof pour enseigner doit passer un concours (CAPES, Agrégation, CAER, CAFEP ou autre) souvent sans rapport avec l’enseignement puisqu’on y évalue principalement un savoir universitaire (vous laisseriez votre voiture à un garagiste qui n’a jamais mis les mains dans un moteur avant de travailler ?). Il est alors titulaire. Mais il est aussi possible d’enseigner sans concours, simplement avec un niveau Bac+3. Et c’est là que ça se gâte. Les non-titulaires se scindent en 2 principales catégories : les vacataires et les contractuels.

Les vacataires sont recrutés par le chef d’établissement. Ils assurent un service de 200h maximum par an non renouvelable. Au-delà, ils sont mis à la porte (ou contractualisés, ce qui n’arrive presque jamais).Une année scolaire faisant plus de 200h, les élèves se retrouvent donc fréquemment avec 2 ou 3 profs différents dans l’année : bonjour le suivi pédagogique ! Un vacataire qui travaille moins de 200h n’a pas le droit à la sécurité sociale.

Un vacataire qui par définition effectue des remplacements en divers endroits géographiques n’a pas le droit à des frais de déplacement.

Ils sont rémunérés à l’heure de cours (28€39 net, donc 5678€/an maximum!).Bien sûr, les heures de préparation et de correction, les conseils de classe et autres réunions ne sont pas rémunérées, ce qui place l’Etat dans l’illégalité (ordonnance du Tribunal Administratif de Cergy Pontoise du 24 avril 2003, M Driss Alem, n°NE 002227. N’hésitez pas à faire valoir vos droits !). Ils n’ont donc pas le droit non plus aux congés payés ni congés maladie. Les salaires ne sont jamais versés le premier mois. Le retard de paiement peut parfois atteindre 6 mois ! Comment payer alors son loyer, ses impôts, ses factures (EDF, eau, téléphone…) quand on n’a pas droit aux aides sociales puisqu’on est censé être salarié? Ce n’est pas le souci de l’Etat ! A cela s’ajoute bien souvent l’incompétence de la direction du personnel de nombreux rectorats (Grenoble en particulier) qui allonge le délai de paiement.

Vous l’avez compris, le vacataire est un prof « kleenex » : on s’en sert puis on le jette. Parfois cependant le vacataire accède au rang privilégié de contractuel. Il a alors les mêmes droits qu’un titulaire. Tout devrait donc être pour le mieux dans le meilleur des mondes, non ? Eh bien non !

En effet, rares sont les collègues qui bénéficient en réalité de ces mêmes droits (contrat qui s’arrête avant les vacances scolaires pour ne pas payer de congés, heures supplémentaires non rémunérées, prime de prof principal non payée, pressions de l’administration pour ne pas faire grève…).

Le contractuel, par définition, bénéficie d’un CDD reconductible à vie (certains collègues ont ce statut depuis de nombreuses années). Cependant il est difficile de trouver un contrat à temps plein à l’année. Comment faire alors avec un salaire amputé ? De plus, les contrats sont rarement renouvelés d’une année sur l’autre : en gros, lui aussi on s’en sert puis on le jette. Il n’a plus qu’à s’inscrire à l’ANPE pour toucher des allocations chômage qui ne dépasseront pas 50% du salaire net mensuel (dur dur pour celui qui n’était pas à plein temps !). C’est donc la course aux contrats, quitte à travailler très loin de chez soi ce qui entraîne des frais de déplacement et de la fatigue supplémentaires.

Avec les suppressions de postes massives, il y a donc de moins en moins de titulaires et de plus en plus de personnels précaires. Cela coûte moins cher à l’Etat qui ne s’embarrasse guère du droit du travail. Pourtant tous font le même métier. Ces vacataires ou contractuels sont aussi, voire parfois plus, compétents que la plupart des titulaires. Mais peu de parents ou même de collègues connaissent les conditions de travail de ces rebus de cette vénérable  institution qu’est l’Education Nationale.


04/01/2009
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